La connaissance de soi chez les ados expatriés : un levier puissant pour leur épanouissement
- Cécile Solar
- 27 mai
- 7 min de lecture
Quand on vit à l’étranger, on apprend vite que s’adapter, s’ouvrir à d’autres cultures et reconstruire des repères fait partie du quotidien. Pour nos adolescents, cette expérience peut être aussi riche que déroutante. Ils grandissent entre plusieurs langues, plusieurs systèmes éducatifs, plusieurs identités culturelles. Cela peut les enrichir, mais cela peut aussi les désorienter profondément. Dans ce contexte mouvant, un ancrage solide est essentiel. Et cet ancrage, c’est la connaissance de soi.

Je le vois chaque jour dans mon accompagnement de jeunes expatriés : ceux qui parviennent à mieux se connaître, à identifier leurs besoins, leurs valeurs, leurs forces, sont mieux armés pour affronter les défis de l’expatriation… et de l’adolescence tout court. Ils gagnent en confiance, en motivation, en clarté. À l’inverse, ceux qui n’ont pas encore trouvé ce centre intérieur peuvent se sentir perdus, voire fragmentés.
En tant que coach professionnelle, expatriée depuis 19 ans en Allemagne et maman de deux adolescents, je suis convaincue que la connaissance de soi est une clé essentielle de leur épanouissement.
L’adolescence : un moment charnière pour se découvrir
L’adolescence est une période de transformation, à la fois physique, émotionnelle et identitaire. Le cerveau est en plein remaniement, les émotions sont intenses, les questions existentielles émergent : Qui suis-je ? En quoi suis-je différent des autres ? Quelle est ma place ? Ce sont des interrogations naturelles… mais chez les jeunes expatriés, elles prennent une dimension supplémentaire.
Je me souviens de ma fille, en classe de septième, qui m’avait dit un jour, les yeux embués : « Maman, je ne sais pas si je suis vraiment française ou allemande. Je suis les deux… mais parfois j’ai l’impression de n’être ni l’un ni l’autre. » Ce sentiment de flottement, d’entre-deux, est courant chez les adolescents élevés dans un environnement multiculturel. Et sans accompagnement, il peut engendrer du mal-être, du retrait, voire des conflits.
Favoriser la connaissance de soi, c’est offrir à nos ados une boussole intérieure. Cela leur permet de s’approprier leur identité, de mieux comprendre leurs réactions, de choisir en conscience ce qui leur correspond, indépendamment des injonctions extérieures. C’est un processus qui ne se décrète pas, mais qui peut se cultiver — à condition d’y prêter attention.

Pourquoi la connaissance de soi est encore plus cruciale en contexte d’expatriation chez l'ado
Vivre à l’étranger, les repères traditionnels — langue maternelle, référents culturels, système scolaire, relations familiales élargies — sont souvent absents ou transformés. Les adolescents doivent composer avec plusieurs normes simultanément : la culture de leurs parents, celle du pays d’accueil, parfois même celle d’un établissement scolaire international ou bilingue. Ils passent d’un cadre à l’autre sans toujours pouvoir s’y retrouver.
Je me souviens de ce moment précis où mon fils, rentrant du lycée, m’a lancé d’un ton agacé : « Ici, je dois être allemand, à la maison je dois être français, et à la cantine, je dois être “marrant” comme les british. Mais moi, je suis qui ? » Cette phrase m’a marquée. Elle résumait à elle seule le tiraillement que peuvent vivre ces adolescents tiraillés entre plusieurs appartenances, parfois sans pouvoir en intégrer une seule pleinement. C’est là que la connaissance de soi prend tout son sens : non pas comme une définition figée de ce qu’ils sont, mais comme un processus vivant, une exploration de ce qui fait sens pour eux.

Une identité multiple, une richesse… à apprivoiser
L’expatriation donne souvent naissance à une identité multiple. Ce que l’on appelle aujourd’hui les « Third Culture Kids » — ces enfants qui grandissent dans une culture différente de celle de leurs parents — développent une grande capacité d’adaptation, une ouverture au monde, une sensibilité interculturelle. Ce sont de formidables atouts pour leur avenir.
Mais ces atouts peuvent être vécus comme des fragilités si l’enfant ne parvient pas à construire une cohérence interne. Quand on n’a pas eu l’occasion de mettre des mots sur ce que l’on vit, sur ce qui nous traverse, il est facile de s’éparpiller, de douter de soi, de ne plus savoir à quoi se raccrocher.
C’est exactement ce que traversait Inès, 15 ans, que j’ai accompagnée en coaching. Polyglotte, brillante, très mature, elle semblait à l’aise partout. Mais derrière cette image se cachait une immense fatigue à force de toujours « s’ajuster » aux autres. En travaillant ensemble sur ses besoins fondamentaux, ses valeurs et son style de communication préféré, elle a pu mettre le doigt sur ce qu’elle appelait son « noyau dur ». Cette prise de conscience lui a permis de poser des limites, de faire des choix plus alignés avec elle-même, et surtout de s’autoriser à être imparfaite, changeante… humaine.
Quand le sentiment d’appartenance vacille
L’un des grands paradoxes de l’expatriation, c’est qu’elle ouvre sur le monde, mais peut fragiliser le sentiment d’appartenance. Or, ce sentiment est fondamental à l’adolescence. C’est en se sentant appartenir à un groupe, à une culture, à une histoire, que l’on construit son identité. Et quand ce sentiment vacille, c’est tout l’édifice personnel qui peut vaciller avec lui.
Certains adolescents vont chercher à se fondre dans leur environnement à tout prix, parfois en reniant leurs racines. D’autres, à l’inverse, vont s’y accrocher avec rigidité, comme une manière de se protéger. Dans les deux cas, il peut y avoir souffrance si l’on ne prend pas le temps d’explorer ce qui, au fond, fait sens pour eux.
La connaissance de soi, ici, agit comme une boussole. Elle permet à l’adolescent de reconnaître qu’il peut être les deux — ou ni l’un ni l’autre — et que cela ne fait pas de lui quelqu’un de moins légitime, bien au contraire. Il peut devenir un pont entre les cultures, un traducteur du monde, à condition de se sentir solide à l’intérieur.

Stratégies pour aider votre adolescent à rester motivé
En tant que parents, nous avons un rôle essentiel, mais souvent subtil : il ne s’agit pas de guider notre ado comme on tiendrait un volant, mais plutôt de lui offrir une présence, un espace, une écoute, dans laquelle il ou elle peut se découvrir en sécurité.
Cela demande de sortir de notre propre cadre de référence, parfois de remettre en question nos habitudes éducatives. J’ai moi-même dû apprendre à écouter mes enfants sans projeter mes attentes ou mes valeurs « d’adulte français élevé en France ». J’ai appris à me taire, à ne pas tout interpréter, à poser des questions ouvertes, à reconnaître ce que je ne comprenais pas… et à en faire une richesse.
Cela commence par l’écoute. Une écoute réelle, sans jugement, sans précipitation. Une écoute qui accueille les doutes, les contradictions, les remises en question. Je repense à un échange avec mon fils, à qui je demandais pourquoi il voulait changer de sport après trois ans d’investissement. Il m’a dit : « Je crois que j’ai voulu faire comme mes copains, mais en fait, ça ne me fait pas vraiment vibrer. » Ce jour-là, j’ai compris que l’important n’était pas de le pousser à continuer pour « ne pas lâcher », mais de respecter son besoin d’alignement. Ce type de petit déclic contribue, petit à petit, à renforcer leur boussole intérieure.
Créer un climat de confiance, dans lequel l’adolescent peut dire : « Je ne sais pas qui je suis, mais j’ai le droit de chercher », c’est lui offrir le plus beau des cadeaux. Cela demande du temps, de la patience, parfois des outils — et beaucoup de bienveillance.
Nous pouvons aussi soutenir ce processus en valorisant leurs qualités, leurs efforts, leur singularité — au-delà des résultats scolaires. En leur proposant des moments de réflexion, des pauses sans écran, des conversations profondes. En évitant les comparaisons ou les projections. En osant, nous aussi, partager notre propre chemin de connaissance de soi, nos erreurs, nos doutes, nos réussites.

Des pistes concrètes pour accompagner la connaissance de soi
Vous pouvez, au quotidien, favoriser la connaissance de soi de votre adolescent en lui offrant :
des moments de calme, sans écran ni pression, pour rêver, écrire, dessiner, s’ennuyer même — car c’est souvent là que les choses émergent ;
des discussions authentiques, où l’on parle de valeurs, de choix, de doutes ;
la liberté de tester, d’explorer, de se tromper ;
Les carnets de bord personnels, les pratiques créatives, les jeux de rôle, les bilans de personnalité comme le Profil Nova, que j’utilise en coaching dès 16 ans.
Ces outils permettent de mettre des mots sur ce qui parfois échappe à la conscience. Et c’est souvent très libérateur.Une jeune fille que j’ai accompagnée me disait après notre travail sur son profil : « Je me sens comme si j’avais un mode d’emploi de moi-même. Maintenant, je comprends pourquoi je réagis comme ça, et je sais mieux comment m’organiser. » Ce type de retour est fréquent. Car comprendre son fonctionnement naturel, ses motivations profondes, ses zones d’inconfort, c’est ouvrir un espace d’action et de liberté intérieure.
« Connais-toi toi-même » : un vieux principe, une vérité toujours actuelle
Socrate affirmait il y a plus de deux mille ans : « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux. » Cette phrase n’a rien perdu de sa pertinence. Elle résonne avec une force particulière dans le tumulte de l’adolescence, et encore plus dans le contexte d’une vie à l’étranger. Car quand tout autour de soi est en mouvement, il est vital d’avoir un point fixe. Ce point, c’est soi-même. Et apprendre à s’en approcher, à l’écouter, à l’apprivoiser, est un cadeau que nous pouvons offrir à nos enfants.
Conclusion : accompagner sans diriger, soutenir sans étouffer
Aider nos ados à mieux se connaître, ce n’est pas les enfermer dans une définition. C’est au contraire les aider à se sentir libres d’explorer, d’évoluer, de grandir. C’est leur transmettre que leur singularité est une force, et que leur identité peut être fluide, riche, multiple… tout en restant cohérente à leurs yeux.
En tant que parent expatrié, je sais combien cette mission est exigeante. Nous jonglons entre nos propres défis d’adaptation, nos repères bousculés, nos inquiétudes pour leur avenir. Mais je suis aussi persuadée que cette étape de la vie peut être une formidable opportunité de croissance, pour eux comme pour nous. Et que la connaissance de soi en est le socle.

Et maintenant ?
Si vous sentez que votre ado aurait besoin d’un coup de pouce pour mieux se connaître, retrouver confiance ou faire le point sur son orientation, je vous invite à découvrir mon accompagnement.
En tant que coach professionnelle certifiée, expatriée depuis 19 ans en Allemagne, spécialisée dans le soutien aux familles francophones et aux jeunes à l’international, je propose des accompagnements bienveillants, structurants et profondément humains.
👉 Pour en savoir plus, écrivez-moi ou visitez mon site. Ensemble, aidons votre ado à allumer sa propre lumière intérieure.

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